Le Corps de Chair

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Le corps de chair

Qu’est-il, ce corps animal ? Peu de chose en vérité, si nous savons qu’il n’est que le manteau provisoire de notre corps-esprit immortel.

D’abord, comment a-t-il pris naissance  et comment expliquer la venue du premier homme et de la première femme ? Tombés dans la Matière, ce n’est qu’après des siècles et des siècles, et dans une ambiance appropriée, qu’ils se couvrirent de chair : le sexe féminin et le sexe masculin apparurent suivant les tendances particulières de chacun ; transformation qui demanda des temps et des temps, et la procréation en découla et durera comme nous la connaissons, tant que l’homme n’aura pas définitivement rejeté, par ses vertus et ses œuvres idéales, son état charnel.

Le corps de chair se moule sur le corps-esprit, lequel, siège de toutes nos souffrances morales et physiques, représente notre personnalité agissante et responsable. Sans ce dernier, le corps de chair n’aurait pas lieu d’être. C’est par les erreurs du corps-esprit ou de la personnalité que l’homme a pris chair. Et sa vie sous cet habit qu’il aime à contempler, à embellir, est pour lui un trésor dont il prend le plus grand soin. Le conserver le plus longtemps possible est son premier souci. Pour lui, il symbolise l’existence sous ses multiples attraits. Combien la conçoivent ainsi et s’arrêtent à cette idée que leur corps charnel est un don de Dieu ! Idée fausse qui les autorise à satisfaire leurs bas appétits. Puisque, dit-on, c’est Dieu qui les a couverts de chair, ils se croient irresponsables des désirs de celle-ci, alors qu’ils les ont eux-mêmes créés.

Certes, l’homme ne se voit pas dans sa laideur. Il ne croit pas être un animal intelligent ; il ignore qu’il s’est défiguré par ses fautes multiples. Ange, Là-Haut, dans les Régions bienheureuses, lieu de sa naissance, comment s’est-il fourvoyé au point de s’être précipité dans les régions inférieures de l’échelle des êtres ?

Pourquoi la Matière lui est-elle si funeste ? Parce que Dieu est Esprit et que l’homme doit vivre par l’Esprit ; ce qu’il a oublié, et voilà sa grave faute.

La Vie dans son infinité est Celle de l’Esprit. Le corps de chair est le signe de notre indignité. Nous sommes des morts. Jésus ne l’a-t-Il pas illustré par ces mots : « Laissez les morts ensevelir leurs morts » (Luc IX-60) ? Ce qui signifie que nous nous trouvons en dehors de la Véritable Vie. Le Christ nous incite donc à penser qu’il n’y a pas de résurrection de la chair. Sinon, la Matière serait en Dieu, ce qui est impossible. On ne saurait imaginer Dieu Matière et Esprit. Si certains croient à la résurrection de la chair, n’est-ce pas simplement parce qu’ils font de celle-ci leur idole, par les jouissances qu’ils en retirent ? Cependant, rien de plus contraire à la Vérité que semblable hypothèse, et le croyant sincère ne peut être pénétré de pareil postulat.

Le corps de chair est passager, vêtement d’emprunt sur le corps-esprit immortel ; quand il meurt, il meurt pour toujours et c’est à la Gloire de l’Esprit.

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