Jésus marchant sur les flots.

Évangile de Saint Jean-Chapitre VI – Versets 14 à 21

« Ces gens, ayant vu le Miracle que Jésus avait fait », en répandirent le bruit avec tant de conviction que le peuple en était saisi et disait : « Celui-ci est vraiment le Prophète qui doit venir dans le monde. »

État d’esprit qui avait pris naissance sous des influences insoupçonnées de tous. Les hommes sont de le Terre : difficilement, ils s’arrêtent au Divin des plus Hautes Demeures éternelles. Le réveiller en eux demande des pouvoirs rares en ce monde.

Les échos du Miracle propagés par le peuple venaient surtout de l’action sur lui d’une élite d’Invisibles les plus élevés de la planète qui, reconnaissant en Christ le Premier Fils de Dieu, étaient transportés par sa Présence et Le servaient avec une dévotion exemplaire.

De cet enthousiasme du peuple pour Lui, Jésus n’augurait rien de durable qui imposât sa Mission et sa Divinité comme Il y aspirait pour le Salut rapide des hommes. Sa Grandeur leur échappait. En Lui voulant les honneurs d’ici-bas, ils voyaient en Lui l’homme plutôt que le dieu.

C’est pourquoi, « Jésus sachant qu’ils allaient venir l’enlever pour le faire roi, se retira de nouveau sur la montagne, Lui seul. »

A leur insu, en l’espace d’un instant, Jésus avait quitté ses disciples. Il était sur la montagne, au milieu d’êtres ailés. Rencontre radieuse ! Renouveau dont Il avait soif ! Présent de son Père qui le rassasiait de sa Pensée Souveraine. Là, Il se retrouvait un dieu, mais un dieu insatisfait. Cependant, rien de son Œuvre ne lui était inconnu. N’était-elle pas bénie par son Père, arrêtée à l’avance par des faits dont les hommes seuls seraient responsables ? Cette lutte sans trêve, entre eux et Lui, sans triomphe apparent, mais triomphante devant Dieu, auréola son Sacrifice d’une ample moisson de Gloires. Ses Pas étaient donc sûrs. Mais il y avait plus. Son cœur, attaché aux hommes, caressait l’espoir d’être aimé par eux comme Il les aimait. Partage qu’Il savait impossible, ce qui L’accablait. Il ne pouvait se résoudre à voir encore debout la barrière matérielle qui les éloignait de son Affection et de sa Sagesse. Cette sorte d’ « inachevé » qu’Il prévoyait jusqu’à son départ de ce monde Le poursuivait, mouillait ses yeux de larmes. Ces regards de le Terre, bons ou mauvais, dont les hommes Le couvrirent furent la plus poignante souffrance de sa vie humaine.

Certes, les hommes se relèveront. Le Christ les a sauvés à jamais. Toutefois à travers des siècles et des siècles de douleur quand ils auraient pu obtenir leur Salut, avant le retour du Rédempteur dans sa Patrie Eternelle si, devant sa Vie débordante de signes du Ciel, ils se fussent détachés de la Terre, en aimant d’abord leur Créateur. N’en auraient-ils eu que le désir, dans la crainte de Lui déplaire, cela eût suffi à Sa Miséricorde, à sa Munificence. Mais leurs cœurs restèrent endurcis, attachés aux richesses terrestres, Dieu ne put donc les en libérer, car ils en auraient souffert, s’ils en avaient été privés.

« Quand le soir fut venu, les disciples de Jésus descendirent au bord de la Mer. » 

Chemin faisant, la disparition de leur Maître les porta, dans leur isolement, à se perdre en conjectures sur le Miracle dont l’énigme leur restait inexplicable. Quoique émerveillés, rien en eux ne leur dévoilait la Haute Personnalité du Christ. Comme le peuple, ils ne contemplaient pas en Lui, l’Être le plus Auguste après Dieu !

Le Divin a des Ailes que l’homme n’entend pas, si sa Foi, ses Vertus, ses Sacrifices ne procurent pas à son Âme la liberté de dominer la chair.

L’Âme, l’Incorruptible, Substance même de Dieu qui, lorsqu’elle a pris totalement le corps-esprit qu’elle habite, lui ouvre l’Éternité, si bas soit-il tombé, après avoir vécu des vies et de vies sur des mondes de plus en plus purs, idéaux. Il n’y a pas de peines éternelles.

« Les disciples étant montés dans une barque traversaient la Mer pour se rendre à Capernaüm. Il faisait déjà nuit, et Jésus ne les avait pas encore rejoints. »

Jésus était donc sur la montagne au milieu des Anges. De là ses Regards suivaient ses disciples. Si loin était-Il, jamais Il ne les quittait. Il les portait pour sa Joie Divine. L’Amour du Père l’embrasait. Amour Parfait qui se prodigue inlassablement en raison de chaque créature, de chaque univers, mais reste inconnu des hommes parce qu’ils n’ont pas placé Dieu au premier plan dans leurs activités morales et matérielles.

De la montagne, Jésus vit ses disciples traverser la mer. Il va les combler encore. Sa Prédilection pour eux ne se lassera jamais. Il faut qu’ils gardent de Lui des souvenirs impérissables, s’en grandissent, parce qu’ils sont dignes de les recevoir et de Le servir toujours. Ce sont eux les Ouvriers du Seigneur qui, en des réincarnations répétées, continueront son Œuvre de Salut, de Lumière et de Paix. C’est avec l’Art et l’Affection d’un Dieu très haut qu’Il les y prépare. Pour eux seuls, Il projette un nouveau Prodige dont ils seront les seuls témoins, car ici-bas, seuls, ils le méritent. Jésus a tout prévu pour qu’il en soit ainsi.

« Il soufflait un grand vent, et la Mer était agitée. Après avoir ramé environ vingt-cinq ou trente stades, les disciples voient Jésus marchant sur la mer »

Jésus, entouré de ses Anges, a quitté la montagne. Un grand nombre d’esprits des Mondes supérieurs, connaissant à l’avance sonAaction d’éclat, viennent Le glorifier de ses Pouvoirs sur les éléments naturels, d’être ainsi Roi de la Terre, Maître de la Vie et de la Mort.

Il est sur la Mer. Il ne la traverse pas tel un météore sur le fond d’une belle nuit. Il y marche, drapé de mille Feux incomparables, apaisant les flots, les vents, du Geste et du Regard. Il est un Soleil sur un lac endormi au sein d’un solennel silence ; Soleil dont les rayons éclairent le ciel où scintillent maintenant les étoiles, tandis que plus loin, la tempête fait rage, mugit dans les airs, soulevant de lourdes vagues frangées d’écume, au milieu de ténèbres si noires que le ciel et la Terre paraissent ne plus être.

Jésus, en opposant le calme à la violence, montre à ses disciples qu’Il tient en ses Mains les forces de la planète. S’Il avait arrêté totalement la tempête, ils eussent cru à sa fin normale. Il doit les convaincre de son Prodige inimitable, qu’ils en éprouvent un choc spirituel, vivent de sa Divinité afin d’accomplir la Mission pour laquelle ils sont venus sur la Terre.

« Le christ approchait de la barque. Les disciples eurent peur. »

La vision avance, bouleversante pour eux, par ses feux qui se perdent dans la nuit et dans le ciel. La crainte et la frayeur, tour à tour les agitent. Jésus en est ému. Il éteint ses Divines Clartés. C’est l’Homme-dieu, maintenant, qui marche sur la mer reposée. Ils n’en croient pas leurs yeux, leur esprit reste troublé. Pour se faire reconnaître, « Jésus leur dit : C’est moi ; n’ayez pas peur ! » Sa voix les rassure. C’est bien Lui, le Maître.

« Ils voulaient donc le prendre dans la barque. »

Jésus n’y monte pas. La foule ne le cherchait-elle pas, encore résolue à le faire Roi ?Les disciples n’allaient-ils pas la retrouver? Transportés par ce nouveau prodige, ils feront chorus avec elle! Jésus le lisait comme dans un livre. Subitement, Il disparut. Rien de la nuit ne trahit Sa Présence. Les disciples en sont atterrés. Leurs ardeurs tombent. Ils garderont le silence sur ce prodige. Jésus a touché son but. Ils les a pénétrés de Sa Pensée qui les invitent à la prudence en leur rappelant qu’Il n’est pas de la Terre.

Alors, « aussitôt la barque », par la Volonté du Christ, « aborda au lieu où les disciples allaient ».

Le Christ par Sa Pensée avait agi; cependant qu’ entouré de ses Anges, Il avait retrouvé la montagne où Il offrait à son Père le Prodige qu’Il venait d’accomplir, Le glorifiant d’avoir déposé en Lui sa Puissance et son Amour.

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